Le piège de l’Éveil
Pourquoi la vie continue à te tendre des embuscades
même après la “réalisation”
Il arrive un moment, sur ce qu’on appelle le chemin, où tu te dis que tu as enfin compris.
Il y a ce déclic.
Tu vois clair.
Tu as traversé l’illusion. Tu n’es plus dans le film.
Tu es “réalisé”.
Et puis, sans crier gare, la vie revient t’embarquer dans une nouvelle embrouille.
Pas forcément un drame… mais un truc tordu, subtil, où tu sens qu’il va falloir à nouveau décoder, démêler, te recentrer.
Tu te retrouves à résoudre une situation étrange, à gérer un conflit absurde, à tomber sur une épreuve intérieure que tu pensais avoir dépassée depuis longtemps.
Et là, tu te dis : “Mais pourquoi encore ? Je croyais que c’était fini, cette histoire.”
La réalisation n’est pas la fin — c’est l’accès à un niveau plus tordu
L’erreur, c’est de croire que la réalisation met fin au jeu.
Pas du tout.
La réalisation, c’est juste que maintenant tu sais que tu es dans un jeu.
Avant, tu croyais être le personnage.
Maintenant, tu sais que tu es le joueur, que les règles sont cheloues, mouvantes, mais que tout est là pour que tu danses avec.
Alors oui, tu continues à avoir des problèmes.
Mais des problèmes de meilleure qualité.
Moins spectaculaires, plus existentiels.
Du genre :
– Comment rester vrai sans devenir brutal ?
– Comment rester ouvert sans se faire bouffer ?
– Comment continuer à s’engager pleinement dans la vie… en sachant qu’au fond, rien ne dure ?
Le plan de retraite spirituelle était une arnaque
On t’a vendu l’idée que si tu méditais assez, que si tu nettoyais bien ton karma, que si tu vivais aligné, tu finirais par toucher la paix ultime.
Une sorte de fin de parcours paradisiaque :
tout est calme, tout est amour, plus de conflits, plus de désirs…
juste un Dieu qui joue de la guitare céleste pendant que des anges chantent en fond sonore. Éternellement.
Tu tiendrais combien de temps là-dedans ?
Une journée ? Une heure ?
Soyons honnêtes : tu pèterais un câble.
Tu penserais à ton ancienne vie, à tes emmerdes d’humain, à ce foutu café brûlé ou à ce texto qui t’avait fait vibrer…
et tu te dirais : “C’était pas si mal finalement, le bordel terrestre.”
On n’est pas faits pour finir. On est faits pour plonger.
La vérité, c’est ça :
on n’est pas faits pour atteindre une fin.
On est faits pour jouer. Explorer. Renaître.
La réalisation ne te retire rien.
Elle t’enlève seulement le besoin de trouver une issue.
Tu n’es plus en train d’attendre la fin du film.
Tu regardes le film en sachant que tu es dans la salle.
Et parfois, tu re-rentres dans le film. Parce que c’est bon. Parce que c’est vivant.
Alors c’est quoi, vraiment, la réalisation ?
C’est la vigilance.
Mais pas la vigilance qui crispe.
La vigilance qui écoute, qui ressent, qui danse avec le chaos sans perdre le centre.
Ce n’est pas la paix éternelle.
C’est la paix dans le mouvement.
C’est je vis, je vois, je choisis — et je rejoue.
Le paradis n’est pas une récompense. C’est le terrain de jeu.
Le vrai paradis, ce n’est pas un ailleurs.
C’est ici, dans le bordel du quotidien, dans l’ambiguïté des relations, dans les matins flous et les nuits sans réponse.
La réalisation ne met pas fin à l’histoire.
Elle fait juste tomber l’illusion que l’histoire doit finir pour que tu sois libre.
Et elle te murmure :
“Rejoue. Mais cette fois, joue en sachant que c’est un jeu.”
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