Spiritualité : Faut-il monter ou descendre?

 


Tu l’as sûrement entendu des centaines de fois :

  • Tu es ici pour t’élever.

  • Pour élever ta vibration.

  • Pour purifier tes pensées.

  • Pour transcender la matière.

  • Pour revenir à la Lumière.

Et qui sont les stars de cette mythologie ? Les Maîtres Ascensionnés.

Des âmes désincarnées ou incarnées mais plus douées que toi , vêtues de lumière, parfaites et silencieuses ou bavardes (en fonction du plan  sur lequel elles se trouvent). Ce sont les célébrités du show spirituel, et toi pauvre mortel qui ne réussis pas encore à léviter, tu es censé les suivre…vers le haut, toujours plus haut.

Mais posons la vraie question : Pourquoi veut-on monter ? Où veut-on aller, exactement ?

Ce que cache vraiment le fantasme de l’ascension

Soyons clairs : Si les gens veulent s'élever vers un ailleurs, c’est parce qu’ils pensent que cette Terre ne leur convient pas. Parce qu'ils ne s'y sentent pas bien. Demandons-nous pourquoi?

Parce que le désir est honteux. Parce que le corps est faible. Parce que le plaisir est suspect. Parce que l’argent est sale. Parce que le sexe est une tentation. Parce qu'ils ont des problèmes et pensent ne pas arriver à les résoudre, parce que le gouvernement ne fait pas son travail et qu'en plus les gens sont méchants ou incapables, etc.

Certains pensent consciemment ou inconsciemment qu'il y aurait, quelque part “au-dessus", un être juge qui regarde ce que tu manges, avec qui tu couches, combien tu travailles, et si tu fais assez de jeûne et de pénitence pour mériter un ticket d’entrée dans l’au-delà.

On imagine un esprit tout puissant, pur, ascète, végan, sans humour, qui préfère sniffer du prana à un bon déjeuner, qui privilégie plutôt le jeûne que la joie, la douleur plutôt que la tendresse, la souffrance plutôt que plaisir. En résumé, ce serait une sorte de dispositif céleste capricieux qu'il faudrait prier sans cesse pour avoir une chance de bien tomber lors du tirage au sort.

Bienvenue au paradis – Et maintenant ?

Imaginons que tu passes toutes les épreuves : Pas de sucre. Pas de viande. Pas de sel. Pas de sexe. Pas de colère. Pas de désir, pas d'envies. Bref tu maîtrises ton ego grâce à des efforts douloureux et des privations, peut-être même qu'en accord avec tes croyances tu as accompli une opération kamikaze contre les incroyants. Résultat : tu atteins le stade final, la décoration ultime, la légion d'honneur du croyant : LE PARADIS...etp our l'éternité...

Quelle image t'en faisais-tu avant ta consécration? Est-ce que ça correspond?

Et voilà, tu y es. T'as passé toutes les épreuves de qualification. Mais sérieusement et maintenant, on  fait quoi ?

Est-ce qu’on y danse ? Est-ce qu’on y cuisine ? Est-ce qu’on se serre dans les bras ? Est-ce qu’on fait encore l’amour, ou c’est réservé à “ceux qui n'ont pas réussi leur examen” ? Est-ce qu’on sent encore l’odeur du pain chaud ? Est-ce qu’on rit ? Personne ne le sait. Parce que le paradis, tel qu’il est imaginé, n’est pas un lieu pour les vivants, mais un concept flou inventé par ceux qui ont peur d'assumer qu'ils sont vivants et de vivre à fond ce que ça implique de rester humains...

Il faut remarquer une chose, c'est qu'on décrit en détail les obligations des voyageurs mais pas ce qui les attend à destination...Le Paradis serait-il un lieu ou finalement tout ce qui était interdit avant est autorisé pour l'éternité...?

Qui a mis le feu ?

Oui, parfois cette Terre ressemble à l’enfer. Mais qui a allumé le feu ? Ce ne sont pas les loups, ni les lions, ni les arbres. Ce sont les hommes. Et particulièrement les religions. Elles ont mis le feu, puis elles ont vendu l’extincteur.

“Tu n'es qu'un pauvre pécheur perdu dans une vallée de larmes. Mais rassure-toi, on a la solution.”

C’est le plus vieux business model du monde : Vendre de la honte, de la peur, de la culpabilité puis proposer le salut, moyennant soumission. Ça ne s’appelle pas la spiritualité. Ça s’appelle un marché de dupes.

La vraie incarnation, c’est la descente

On ne te l’a jamais dit comme ça, mais : Tu n’es pas venu pour t’échapper. Tu es venu pour atterrir.Tu n’es pas tombé sur Terre. Tu as choisi d’y descendre. Pour respirer, suer, aimer, pleurer, saigner, danser, jouir, goûter, perdre, rire, recommencer.

NON, la matière n’est pas une punition. Le corps n’est pas un piège. Le plaisir n’est pas un péché. La descente n’est pas la chute. C’est l’entrée dans la vraie vie. Le corps n’est pas un outil. Il est le langage du vivant. Il ne te sépare pas du divin — il EST le divin, en mouvement.

Pratique : Descends pour de vrai

Tu as essayé de “monter”. Alors essaye ça maintenant.

  1. Assieds-toi. Pieds nus si tu peux.

  2. Ferme les yeux.

    Et laisse ton attention descendre.

    • De la tête au cœur.

    • Du cœur au ventre.

    • Du ventre au bassin.

    • Du bassin aux jambes.

    • Des jambes aux pieds.

    • Des pieds dans la terre.

    • Ne cherche rien. Ne veux rien ressentir. Laisse-toi être là. Sans but. Sans filtre. Sans fierté. Juste là. Dans ta densité vivante.Répète ça tous les jours.

Et tu verras : tu n’auras plus envie de t’enfuir.

Le feu sacré

Oui, la vie est parfois rude. Oui, il arrive qu'elle brûle. Mais ce feu-là, ce n’est pas l’enfer. C’est le feu de l’incarnation. Ce n’est pas un piège. C’est une alchimie. Et tu n’es pas venu pour l’éviter. Tu es venu pour la traverser.

Le chemin n’est pas vers le haut. Il est vers l’intérieur. Et pour y entrer, il faut descendre dans ton souffle, dans tes tripes, dans ton animalité, dans ton réel.

Conclusion : Le seul vrai Divin est incarné

La prochaine fois que tu es tenté par l'ascension rappelle toi que le seul Dieu vivant n’est pas dans les étoiles, ni dans un ciel imaginaire, ni dans les discours vides de ceux qui ne touchent plus rien. Le seul vrai Dieu est dans ta langue, dans tes pieds, dans tes larmes, dans tes orgasmes, dans ton souffle. Il habite ta forme. Et si tu descends assez profondément... tu l’entendras rire.


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