Quand le corps dit : "ouvre-toi"




Quand la spiritualité parle d’abandon, l’esprit saute aussitôt sur l’occasion pour en faire… une mission. Quelque chose à faire. À décider. À réussir. Et donc, bien sûr, quelque chose de difficile. Alors la majorité des gens prennent le chemin opposé. Le chemin connu. Celui de l’effort.

Ils lisent plus de livres. Ils tentent d’« élever leur vibration ». Ils répètent des affirmations. Ils pratiquenbt des rituels compliqués et inutiles : nettoient leurs chakras, prient : « Mon Dieu, donne-moi la force de Te trouver. » Ils magnétisent. Rayonnent. Reprogramment leur ADN font du Reiki, de l’EMDR, de l'EFT (toutes les lettres de l'alphabet y passent) ... Bref, tout cela pour fuir l’ici. Pour attendre un « autre monde ».

Et pourtant…des générations entières de chercheurs ont fait tout ça avec peu de résultats. Il n'y a eu aucune mutation collective réelle,  aucun éveil massif. Et pourtant les sages, siècle après siècle, ont continué à délivrer le même message largement ignoré : la voie est simple, le Tao qui peut être expliqué n'est pas le Tao.

L’abandon n’est pas une fuite hors du corps

C’est que nous avons tout mal compris dès le départ. Nous avons cru que s’abandonner signifiait renoncer à ce que nous croyons. Nous avons confondu l’abandon avec une forme de suicide intérieur.

Et le premier à en souffrir ? Le corps. On a imaginé qu’il fallait le quitter, le transcender, le faire taire, le torturer pour s’élever. Partir. Monter. S’évaporer.

Mais le véritable abandon n’est pas vertical. Ce n’est pas une ascension. C’est une infusion. Une fusion. Une dissolution. Un amollissement dans ce qui est déjà là. Quand une œuvre d’art te bouleverse, Quand un paysage t’arrache une larme, Quand une bouchée suspend le temps, Quand un baiser t’efface… Tu ne sors pas de toi. C’est l’expérience qui entre en toi.

Et le corps est le seul véritable portail. Pas une croyance. Pas un savoir de plus à mémoriser. Une expérience vivante et directe d’unité.

Le corps dit : « Je suis le chemin. Tu ne peux pas me contourner. »

Mais à la place de cette communion, nous choisissons le martyre. Nous disons : « Pas la chair. Pas les sens. Pas maintenant. » Et nous attendons un futur royaume…qui ne viendra jamais.

Quand ton espace intérieur est saturé de savoirs, de représentations, de jugements…

Il n’y a plus d’espace pour que le divin puisse respirer à travers toi. Imagine ton corps rempli d’une argile collante, la même dont, dit-on, Dieu aurait façonné l’humain. Maintenant imagine que cette argile colmate tout. Chaque recoin. Chaque pore. Comment le Souffle pourrait-il entrer ?

Mais voici la réponse : Les idées n’ont pas de substance. Elles sont légères comme des fantômes. Des fumées mentales. Elles semblent prendre de la place…Mais elles n’occupent rien.

S’abandonner n’est pas un acte héroïque. Ce n’est pas difficile. C’est simplement reconnaître que l’espace est déjà là. Prêt. Ouvert. A jamais vierge.

Le souffle va et vient librement

Tu respires de façon automatique et tu crois que c’est banal. Biologique. Mais c’est plus que cela.

Ce souffle, ce n’est pas juste le carburant chimique de ta vie. C'est un mystère parce qu'en fait, tu ne respires pas. Tu es respiré. Et le jour ou ça sarrête, tu ne sais pas encore ce qui viendra après. Ce sera aussi une expérience inédite. Comme ta vie et là tu n'auras peut-être plus de théorie pour l'expliquer ou le prévoir.

Le vrai geste de l’abandon

Alors non, s’abandonner n’est pas une décision glorieuse. Ce n’est pas un objectif spirituel de plus.

C’est juste ceci : Cesser de renforcer les convictions. Lâcher tes croyances et ne plus donner de pouvoir à la colle mentale.

Ne cherche pas à comprendre. Ne cherche pas à bien faire. Ne cherche plus, il n'y a rien de plus à trouver, laisse ce qui est là emplir ton champ d'attention. Deviens disponible. Comme un bol vide sous l’eau. Comme une pièce que la lumière occupe quand on ouvre les rideaux.

Il n’y a rien à apprendre. Rien à faire. C’est maintenant. C’est toi. C’est le corps qui t'attend 

Personne d’autre ne détient ta vérité.


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